Les 2 et 3 mai 2008, le cyclone Nargis dévaste la Birmanie. Conscients de l’ampleur de la catastrophe, les pompiers humanitaires du GSCF se rapprochent alors des autorités du pays pour intervenir.

La junte militaire refuse de laisser entrer l’aide humanitaire. Une « nouvelle catastrophe dans la catastrophe » se joue.  Un premier dialogue s’instaure avec les autorités du pays, et notamment avec l’ambassade du Myanmar à Paris.

Le 7 mai 2008, le nombre de victimes est alarmant. De nombreux médias souhaitent connaître notre position face à cette catastrophe. Nous décidons de diffuser un communiqué de presse précisant qu’afin de ne pas freiner les ONG déjà implantées dans le pays, nous n’engagerons pas d’équipe sans autorisation. En effet, toute initiative non préparée et non validée pourrait nuire aux ONG dont les équipes œuvrent sur le terrain, et empêcherait le bon déroulement des actions menées par l’ONU.

Pendant que nous tentons de négocier avec les autorités du pays pour intervenir, nous sommes fragilisés par les propos de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de l’époque, qui souhaite une ingérence humanitaire en Birmanie pour l’acheminement des secours aux victimes du cyclone Nargis.

Ces propos inappropriés ne rendent service à aucune structure humanitaire.

Le 9 mai, nous obtenons l’accord du pays pour intervenir au Myanmar, à la condition de réduire notre personnel pour intervenir et offrir l’unité de traitement de l’eau que nous apportons. 

Le 13 mai, nous sommes sur place. 

Nous resterons l’une des rares ONG à être autorisées à fouler le sol birman. 

Dans un climat très particulier, surveillé par la junte, le GSCF réussit sa mission, et offre son unité de traitement de l’eau et son matériel de secours.

La mission sera marquée par le sauvetage d’un enfant tombé à l’eau

M. Kouchner a certes rendu service en attirant l’attention sur la tragédie birmane à l’époque, mais il a aussi rendu les choses plus difficiles pour ceux qui tentent de convaincre les pays en développement que l’objectif n’est pas de leur imposer une vision occidentale interventionniste des droits de l’homme, mais simplement d’inspirer la confiance. 

Nous ne connaîtrons jamais le nombre exact de victimes, mais cette catastrophe, qui aurait fait plus de 138 000 morts et disparus, restera l’une des plus grandes catastrophes naturelles de l’histoire du pays.
Rapport d’intervention : accès

Nous avons, en écrivant ces lignes, une pensée pour les Birmans en raison de la répression en cours dans le pays.